vendredi 5 mai 2017

LE NOUVEAU PAUVRE

Tu n’as jamais roulé sur l’or mais ces derniers temps, entre les prix qui chopent la même courbe ascendante que les besoins que tu crois avoir, tu es carrément dans la daesh, autrement dit, ton larfeuille s’est radicalisé. Et on sera tous d’accord pour dire que le plus ennuyeux dans le fait d’être pauvre, c’est qu’on ne peut plus se la péter (manger vient en 2). Heureusement, tu vas découvrir ici comment vivre ta pauvreté avec arrogance. Merci de respecter scrupuleusement toutes les étapes pour un meilleur rendu.

Etape 1 : Si tu veux être un pauvre puant, il faut commencer par être pauvre. Alors benne-moi tout de suite cette vieille SICAV qui traîne. (Je ne sais absolument pas ce qu’est une SICAV parce que j’ai une longue expérience de pauvre, mais si tu as 6 caves tu es riche aussi, vigilance donc.)

Etape 2 : Déclare publiquement abandonner  ta voiture au profit du vélo. Au début tu avais un vélo, ensuite tu as pu te payer une voiture, maintenant tu es contraint de circuler re à vélo. C’est ce qu’on appelle recycler. Et recycler, c’est écolo. Tu protèges la planète, tu peux te la péter grave.

Etape 3 : Si le vélo c’est trop cher, tu peux marcher. Marcher, c’est bon pour la santé. Tu marches, donc tu prends soin de toi, donc tu t’aimes, donc tu aimes les autres. C’est en tout cas ce que penseront tous les connards qui sont branchés psychologie (oui, vous tous).  En fait tu n’aimes personne, tu détestes marcher mais c’est pas grave, tu es sportif, tu peux te la péter.

Etape 4 : Déclare publiquement que tu n’achèteras plus jamais de fringues de marque. Alors par « marque » j’entends les marques auxquelles tu avais accès à l’époque où tu pouvais acheter de l’essence, à savoir : Tex et Kiabi. Double intérêt : tu n’es plus un fashion-mouton et tu n’engraisses plus les multinationales qui font travailler les enfants. Double conséquence fâcheuse :  tu es le seul en pantacourt et t’as foutu des milliers de gosses de 6 ans au chômage. Mais tu es un consommateur responsable, tu peux te la péter de ouf.

Etape 5 : Chez toi on s’éclaire à la bougie senteur vanille et on ne tire plus la chasse. Parce que l’eau et l’électricité ça coûte une fesse. Au début tu pensais construire des toilettes sèches en bois, mais le bois ça coûte l’autre fesse. Du coup maintenant, pour aller chier, t’as juste besoin d’une pelle. C’est formidable, car en économisant l’eau, l’énergie et la forêt, tu protèges la planète. En plus tu fais de l’engrais. Tout est dans la présentation. Dis que c’est un choix et pète-toi-la.

Etape 6 : Ton enfant est teubé et il aurait besoin d’un soutien pédagogique mais tu n’as pas les moyens. Dis que c’est un artiste (non pas autiste, artiste). Tu es un parent génial qui n’essaie pas de faire entrer son gosse dans un moule et qui le laisse exploiter ses compétences intrinsèques même si elles consistent à essayer de faire entrer le pot de mayonnaise dans l’anus du chat. Tu dis non à la rigidité du système éducatif, tu es un rebelle et un parent impliqué, tu peux te la péter.


Voilà, tu peux maintenant toiser ton entourage et t’empanacher de fierté. C’est-à-dire que tu peux boire des panachés de manière décomplexée, la bière, t’as plus les moyens.


Et qui c’est qui a gagné du temps ?