vendredi 22 décembre 2017


EN CLIENTÈLE


Aujourd'hui, nous allons apprendre à donner l'illusion du professionnalisme, mais pas trop longtemps. (Veillez à respecter toutes les étapes pour un meilleur rendu.)


Etape 1 : Ayez un travail. Ben oui. Et je ne veux pas entendre de "oui mais c'est la crise", "Pôle Emploi ne fait rien pour moi", blablabla... Trop de blabla. J'ai donné déjà. (C'est pas de oim, c'est de Bibi, ce qui revient au même, convenez-en). Bref, ayez un travail.

Etape 2 : Rendez-vous chez votre plus gros client. Pas le petit prospect tout pourri que vous ne reverrez jamais, non, le plus GROS client, celui que si tu te plantes, t'es mort. Et va essayer de donner l'illusion du professionnalisme quand t'es mort, tiens. Ou fêter ce putain de Noël. C'est là qu'on se rend compte qu'il y a au moins 2 trucs qu'on ne peut plus faire quand on est mort. Je m'éloigne du sujet, je sais mais mon sujet est chiant de base donc on s'aère.

Etape 3 : Modelez votre visage avec vos nerfs, vos mains, de la sans clou ni vis ou ce que vous voulez pour lui donner un air de "comment je suis trop sérieuse comme meuf, avec moi ton dossier il va aller comme sur des roulettes (c'est-à-dire droit dans l'abribus parce que moi, j'ai jamais tenu plus d'une nanoseconde sur des rollers)". Tout concentré que vous êtes sur la tronche que vous tirez, oubliez que vous portez des talons de 10 et manquez de vous étaler. Si vous vous étalez pour de bon, profitez-en pour baiser les pieds de votre client, petite astuce du plus bel effet que je vous donne gratos.

Etape 4 : Précédez votre client dans l'ascenseur. Laissez les portes se refermer. Et, très important : laissez les portes se refermer AVANT qu'il n'entre. Oui ça met mal à l'aise, mais c'est aussi à ça qu'on juge un professionnel, à sa capacité à...et je ne sais pas du tout comment finir cette phrase. En tout cas, reprenez vite votre air de mec super pro quand vous rouvrirez cette porte pour laisser monter votre client, la magie du voyage en ascenseur fera le reste...

Etape 5 : Lors de l'entretien, dissimulez le sentiment d'extase qui vous envahit lorsque vous entendez votre client vous avouer : "Je ne sais pas ce que j'ai en ce moment, je suis à côté de mes pompes". Attention, ne commettez pas l'erreur de lui dire vous aussi. Gaffe, ça devient technique là : penchez un peu la tête tout en la secouant latéralement, souriez comme si vous regardiez un mignon enfant cul-de-jatte essayer de monter sur un vélo sans roues (souriez comme si le mec risquait pas d'aller loin, quoi) et prononcez une phrase du type : "justement, mec, je suis là pour t'aider avec mon professionnalisme de déglingos, je serai ton épaule". Touchez vous l'épaule en même temps pour lui rappeler ce qu'est une épaule. Sentez que la couture de votre pull est vachement saillante dis donc, comment ça se fait ?

Etape 6 : Cachez votre malaise quand vous réaliserez que vous avez tellement bien préparé cet entretien que vous avez mis votre pull à l'envers.


Voilà, vous avez donné l'illusion du professionnalisme, mais pas trop longtemps.

Et qui c'est qui a gagné du temps ?


LA RÉUNION SURPRISE



Aujourd’hui nous allons apprendre à exprimer sans équivoque votre refus catégorique de toute évolution professionnelle à votre hiérarchie grâce au repas de Noël de votre entreprise. (Merci de bien respecter toutes les étapes pour un meilleur rendu.)


Étape 1 : Laissez vos collègues se jeter sur ce qui se mange et jetez-vous sur ce qui se boit.

Étape 2 : Jetez-vous sur ce qui se boit. (Je sais je l’ai déjà dit mais il faut le refaire.)

Étape 3 : Répétez les étapes 1 et 2.

ATTENTION ASTUCE : Évitez à tout prix les mélanges. C’est-à-dire commencez par le Champagne, puis le rhum coco, puis le rouge, puis le blanc. Mais ne les mélangez pas. Parce que c’est pas bon.

Étape 4 : Dites très fort des choses plus ou moins intelligentes, plus ou moins agréables ou plus ou moins décentes à tous vos collègues.

Étape 5 : Une fois que vous êtes prêt à rentrer chez vous, apprenez que vous devez assister à une réunion de travail surprise. (Le terme de surprise ne fait pas ici référence à une pochette remplie de cotillons mais plutôt à une pochette remplie de « hein ??? Comment ça le chef m’attend dans son bureau ? Mais je peux pas y aller, je suis bourrée »)

Étape 6 : Usez d’une jolie démarche sinusoïdale pour entrer dans le bureau du chef et acceptez un chocobon (oui votre chef a des chocobons.)

Étape 7 : Ne comprenez rien du tout à ce qui se raconte autour de vous, mais interrompez quand même vos interlocuteurs interloqués pour dire de la merde, avec aplomb si possible. Et la bouche pleine (de chocobons hein) (on a dit qu’on ne voulait pas évoluer)

Étape 8 : Croyez avoir admirablement donné le change et, avant de quitter dignement le bureau, remarquez l’énorme tas d’emballages de bonbecs devant vous et demandez, un peu outrée, qui a osé s’enfiler 16 chocobons pendant la réunion. (Je vous le dis qui c’est ou c’est pas la peine ?)


Voilà, c’est avec force et une détermination sans faille que vous avez encore affirmé votre farouche refus d’obtenir un avancement dans cette boîte. Bravo et joyeux Noël.


Et qui c’est qui a gagné du temps ?