LES FUN…ERAILLES
Vous n’êtes pas très à l’aise aux
enterrements et vous avez peur de faire des gaffes ? Réglons immédiatement
ce problème de confiance en soi. Aujourd’hui, nous allons apprendre comment vous
assurer de ne pas en louper une lors d’un enterrement. (Merci de bien respecter
les étapes pour un meilleur rendu.)
Etape 1 : Allez à un enterrement.
De préférence, pas le vôtre.
Etape 2 : Dites bien bonjour à
tout le monde en prenant la « mine de circonstance », soyez dans le
rôle, vous êtes à deux doigts du César, tout roule. Puis soudain, vous ne savez
pas pourquoi, lâchez un presque jovial : « ça va bien ? » à
l’épouse du défunt qui, évidemment, vous répond sèchement dans la foulée que ça
pourrait aller mieux.
Etape 3 : Eloignez-vous
discrètement de la famille proche, laissez planer le malaise et prenez des
forces, c’est pas fini.
Etape 4 : Acceptez de lire
un texte à l’église. Soyez-en même honoré. Prenez le texte qu’on vous tend,
mettez le précieusement on ne sait pas où et attendez qu’on vous appelle pour
lire. Pendant ce laps de temps, gargarisez-vous de l’image que vous allez
donner en lisant ce truc, imaginez l’assemblée pendue à vos lèvres, secouée par
un tsunami d’émotion tout ça tout ça.
Etape 5 : C’est à vous. Montez
de 1 à 100 sur l’échelle du stress. Sortez du rang de chaises avec le calme qui
vous caractérise, au passage écrabouillez consciencieusement les pieds de la
cousine du défunt et bousculez légèrement sa mère qui a 100 ans. Entrez sur
scène avec le sourire jusqu’aux oreilles, votre public vous attend.
Etape 6 : Réalisez où vous
êtes et ce que vous êtes venus faire et reprenez la « mine de circonstance».
Petite astuce mnémotechnique : normalement s’il y a un cercueil devant
vous, des gens qui pleurent et plein de bougies de merde, c’est que c’est pas
l’Olympia. A la limite le Bataclan (Rhooo). Bref, sortez votre texte et
lisez-le. Il doit être dans votre poche.
Etape 7 : Essayez l’autre
poche. Regardez dans vos chaussures peut-être. Envoyez des signaux de détresse
à l’assistance à base de gros yeux et de sourcils circonflexes, assistance qui
vous renvoie des regards noirs comme le dessous d’une soutane. Bon, tant pis
improvisez. Après tout, vous avez sûrement autant de talent que Saint-Exupéry.
Etape 8 : Alors là tout est
permis. Vous pouvez y aller : bredouillez, bafouillez, bégayez et
bavouillez même si vous voulez, trompez-vous dans le prénom du mort et cerise
sur le linceul, tentez la même blague de mauvais goût pour « détendre
l’atmosphère » que vous aviez fait lors de son mariage.
Etape 9 : En vous rasseyant,
constatez que les gens évitent votre regard. Ils sont sûrement subjugués, vos
talents d’orateur imposent le respect, félicitez-vous.
La tension de la scène se relâchant peu à peu, commettez un léger impair en
laissant échapper un rire sonore qui s’amusera à rebondir sur tous les murs de
l’édifice, et vous fera quelque peu regretter la qualité acoustique du bazar.
Cependant, riez 10 bonnes minutes et pleurez abondamment en essayant de faire
passer ces larmes pour de la peine. En même temps, c’est vrai qu’il ressemble
drôlement à un ninja, le curé.
Etape 10 : Au sortir de
l’église et galvanisé par votre prestation de toute à l’heure, surfez sur votre
bouffée lyrique, et décidez d’aller mettre un mot plein de nostalgie dans le
registre de condoléances. Ecrivez 3 pages relatant votre meilleur souvenir avec
le disparu, à savoir : la fois où vous étiez bourrés et avez fini au
bordel.
Etape 11 : Etonnez-vous
qu’il y ait un deuxième registre de condoléances. Demandez à une dame
manifestement très éprouvée « mais putain c’est lequel le livre d’or de
Gérard ? ». Apprenez que vous avez raconté vos dérives sexuelles dans
le mauvais bouquin. C’est la famille de l’enterrement suivant qui va être
contente.
Etape 12 : Faites-vous
oublier 5 minutes, du moins jusqu’à la mise en bière. Arrivé au cimetière,
faites la queue pour jeter une rose dans la tombe béante. C’est à vous,
approchez-vous, encore, encore, vous ne voyez pas bien le cercueil, il est tout
au fond. Et vous, vous voulez dire un bel au-revoir à votre ami. Faites déraper
votre mocassin sur la terre humide et tombez dans le trou. Attendez qu’on vous lance une corde et décidez si vous préférez
la saisir pour sortir de cette situation, ou vous étrangler avec, pour sortir
de cette situation aussi, mais plus dignement.
Voilà, déjà qu’on ne vous
invitait plus aux mariages, normalement, vous devriez être tranquille un moment
niveau invitations aux funérailles.
Et qui c’est qui a gagné du
temps ?
(Avertissement au lecteur : uniquement basé sur des faits réels…y
compris l’étape 12 qui est à peine croyable, je sais)
(… on en rit encore)
(c’est pas bien)
(mais quand même !)