samedi 20 janvier 2018

PLONGEE EN THAILANDE


Aujourd’hui, nous allons concrétiser votre rêve : devenir plongeur professionnel en Thaïlande. (Merci de bien respecter les étapes pour un meilleur rendu.)

Étape 1 : Partez pour un mois en Thaïlande avec un petit budget. Ne préparez rien, n'organisez rien, vous êtes la Liberté, vous êtes le vent, vous êtes un oiseau. Et puis vous verrez bien. D’ailleurs, faites vôtre ce leitmotiv : « bah, on verra bien… ».

Étape 2 : Les premiers jours, décidez que vous êtes un baroudeur-happy-routard-roots-hippie-crado-trop-open-minded, portez tous les jours le même T-shirt, mangez dans la rue, dormez dans des poubelles et inversement.

Étape 3 : Au bout de quelques jours, décidez que vous voulez bien être un baroudeur mais que les budgets c’est comme les capotes, quand c’est trop serré ça coupe la chique. De plus, vous puez du T-shirt.

Etape 4 : Faites péter l'hôtel à cent boules. Pour deux nuits.

Étape 5 : Ayez un aigre relent de réalisme et demandez à votre conjoint si vous n'êtes pas en train de faire n'importe quoi. Entendez-le vous répondre, la tête dans le mini-bar : « On la débouche la bouteille de vin à 30 balles ? » et opinez.

Etape 6 : Le lendemain matin, regrettez vos choix infantiles et inconséquents et choisissez un hôtel vraiment dans vos moyens, à savoir le bouge le moins onéreux du coin, dont le nom « Sea View » (vue sur mer, donc) vous évoquera plus tard la stratégie du loup qui se fait passer pour une grand-mère afin de se taper ce con de Chaperon Rouge, ce qui est d’une crédibilité sans nom, on n’y croit pas une seconde, mais la vue sur mer, on y croit à mort, mon dieu que cette phrase est longue et encore j’ai pas mis d’adverbes.

Etape 7 : Réjouissez-vous un court instant en apprenant que l’hôtel  « Sea View » a été rénové. Un peu à la manière de la riche famille Cohen qui a dû céder sa demeure cossue à un vilain nazi pour aller s’entasser dans le Ghetto de Varsovie, découvrez avec humilité la chambre effectivement rénovée ou plutôt « en cours de rénovation ». A l’aide de votre appareil auditif, comprenez rapidement que la rénovation se poursuit d’ailleurs dans les chambres adjacentes et constatez, ému,  le caractère universel du son du marteau-piqueur qui est le même en Thaïlande qu’en France.

Etape 8 : Sortez sur la terrasse, demandez-vous ce que c’est que tout ce bordel en contrebas et constatez, ému, le caractère universel de la laideur d’une décharge qui est la même en Thaïlande qu’en France.  Déduisez que la seule vue que vous aurez de l’eau sera celle du fond de la cuvette quand vous vomirez de contrariété.

Etape 9 : Effectuez un salto arrière mental et décidez que ces considérations budgétaires ne cadrent pas avec votre vision résolument anti-matérialiste de la vie. Faites péter un hôtel à 200 boules.

Etape 10 : Remplacez dans toutes vos phrases l'expression « on verra bien » par « au point où on en est ».

Etape 11 : N’ayant  plus les moyens de rentrer chez vous, trouvez-vous un boulot de plongeur, pas celui qui explore les fonds marins, mais celui qui lave les assiettes dans les restaurants thaï, et ce, jusqu'à ce que le palu vous emporte...ou le vent.


Voilà, vous aurez d’abord appris que la misère est moins pénible au soleil ET dans un hôtel de luxe. Mais aussi que si la liberté se décide, la richesse non.


Et qui c'est qui a gagné du temps ?


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