LA RANDONNEE
Aujourd'hui nous allons être un petit malin et prendre un
raccourci parce que la rando balisée, elle est trop dure. (Merci de bien
respecter toutes les étapes pour un meilleur rendu.)
Etape
1 : Repérez bien le parcours prévu sur la carte à moitié
effacée sur un panneau devenu résidence termitière puis, depuis l’intérieur de
votre jean slim et de vos petites baskets qui passent le videur en boîte de
nuit, prenez un instant pour vous foutre de la dégaine des autres randonneurs, suréquipés
et atteints d’une forme de consanguinité vestimentaire, é qué s’appelorio
Quechua.
Etape
2 : Commencez la randonnée niveau « moyen ».
Demandez-vous si le mec qui a qualifié le parcours comprend le mot
« moyen » et s’il décrirait « les 12 travaux d’Hercule »
comme un tutoriel pour refaire le carrelage de la cuisine. Après avoir grimpé
10 longues minutes dans la forêt, faites une pause et décidez si vous continuez
ou pas. Bon, vu que je n’ai que 2 étapes, continuez.
Etape
3 : Escaladez plus que marchez une pente dont la raideur serait à deux doigt de
vous couper la faim, et ce, durant environ 7 heures. Arrivez plus ou moins en
vie à un point culminant où que c'est joli à regarder. Faites une photo pour
Facebook que vous légenderez « c'était difficile mais ça valait le
coup » (mon cul, non, vu l'effort fourni, on devrait t'accueillir avec un
mojito, un feu d'artifice et un orchestre), et constatez que vous n'avez pas
marché 7 heures mais 2 et qu'il reste environ 4 heures de montée.
Etape
4 : Décidez de vous désolidariser de vos co-randonneurs et
empruntez un pittoresque chemin de traverse pour profiter de cette jolie
promenade un peu moins longtemps (je traduis : laisse les autres connards avec
leur camel-back et les connasses avec leur camel-toe suivre leurs flèches
vertes à la con et coupe tout droit jusqu'à la bagnole.)
Etape
5 : Ignorez l'évidence que si le chemin a été balisé c'est
pour éviter de vous mettre en danger, prenez-en un autre et foncez comme un débile
dans la bruyère, tombez régulièrement en prenant soin de vous tordre toutes vos
chevilles. Renoncez. Essayez de rejoindre les randonneurs conventionnels en
escaladant des éboulis de caillasse. Renoncez. Finissez de descendre cette
putain de montagne et soyez récompensé par une jolie surprise en bas : un joli
troupeau de jolies vaches.
Etape
6 : Ayez peur des vaches et sautez les barbelés dare-dare.
(Si, ça fait peur une vache.)
Etape
7 : Traversez une forêt pendant une petite heure en vous
enfonçant jusqu'aux genoux dans un bucolique mélange de boue, feuilles et
animaux morts et soyez récompensé par une jolie surprise en bas : un joli
troupeau de jolis chevaux.
Etape
8 : Constatez que oui, un cheval peut attaquer, ayez peur
des chevaux et sautez encore des barbelés (alors quand je dis sauter, c'est
davantage roule dessous comme une merde et laisse un bout de ton pantalon et
une oreille.)
Etape
9 : Arrivez, victorieux et moralement brisé (c'est
compatible) à une route. Notez qu'en quête de beaux paysages, c'est finalement
la départementale 352 qui vous procure le plus grand émoi. Tapez-vous encore
trois bornes de bitume en n'omettant pas de faire des doigts aux randonneurs en
fluo du début qui passent à côté de vous en voiture vu que ça fait deux bonnes
heures qu'ils ont fini la rando. Eux.
Etape
10 : Revenez sur le parking bien détendus et adoptez, pour
les derniers mètres, la démarche nonchalante du mec qui ne suit pas les
parcours balisés. Ou plutôt rampez jusqu’à votre voiture en pleurant.
Vous savez maintenant comment transformer une balade de 4
heures en 6 heures de parcours du combattant (mais le combattant qui a perdu).
Et qui c'est qui a gagné du temps ? (Ben c'est pas nous)
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