samedi 20 janvier 2018

LES FUN…ERAILLES


Vous n’êtes pas très à l’aise aux enterrements et vous avez peur de faire des gaffes ? Réglons immédiatement ce problème de confiance en soi. Aujourd’hui, nous allons apprendre comment vous assurer de ne pas en louper une lors d’un enterrement. (Merci de bien respecter les étapes pour un meilleur rendu.)

Etape 1 : Allez à un enterrement. De préférence, pas le vôtre.

Etape 2 : Dites bien bonjour à tout le monde en prenant la « mine de circonstance », soyez dans le rôle, vous êtes à deux doigts du César, tout roule. Puis soudain, vous ne savez pas pourquoi, lâchez un presque jovial : « ça va bien ? » à l’épouse du défunt qui, évidemment, vous répond sèchement dans la foulée que ça pourrait aller mieux.

Etape 3 : Eloignez-vous discrètement de la famille proche, laissez planer le malaise et prenez des forces, c’est pas fini.

Etape 4 : Acceptez de lire un texte à l’église. Soyez-en même honoré. Prenez le texte qu’on vous tend, mettez le précieusement on ne sait pas où et attendez qu’on vous appelle pour lire. Pendant ce laps de temps, gargarisez-vous de l’image que vous allez donner en lisant ce truc, imaginez l’assemblée pendue à vos lèvres, secouée par un tsunami d’émotion tout ça tout ça.

Etape 5 : C’est à vous. Montez de 1 à 100 sur l’échelle du stress. Sortez du rang de chaises avec le calme qui vous caractérise, au passage écrabouillez consciencieusement les pieds de la cousine du défunt et bousculez légèrement sa mère qui a 100 ans. Entrez sur scène avec le sourire jusqu’aux oreilles, votre public vous attend.

Etape 6 : Réalisez où vous êtes et ce que vous êtes venus faire et reprenez la « mine de circonstance». Petite astuce mnémotechnique : normalement s’il y a un cercueil devant vous, des gens qui pleurent et plein de bougies de merde, c’est que c’est pas l’Olympia. A la limite le Bataclan (Rhooo). Bref, sortez votre texte et lisez-le. Il doit être dans votre poche.

Etape 7 : Essayez l’autre poche. Regardez dans vos chaussures peut-être. Envoyez des signaux de détresse à l’assistance à base de gros yeux et de sourcils circonflexes, assistance qui vous renvoie des regards noirs comme le dessous d’une soutane. Bon, tant pis improvisez. Après tout, vous avez sûrement autant de talent que Saint-Exupéry.

Etape 8 : Alors là tout est permis. Vous pouvez y aller : bredouillez, bafouillez, bégayez et bavouillez même si vous voulez, trompez-vous dans le prénom du mort et cerise sur le linceul, tentez la même blague de mauvais goût pour « détendre l’atmosphère » que vous aviez fait lors de son mariage.

Etape 9 : En vous rasseyant, constatez que les gens évitent votre regard. Ils sont sûrement subjugués, vos talents d’orateur imposent  le respect, félicitez-vous. La tension de la scène se relâchant peu à peu, commettez un léger impair en laissant échapper un rire sonore qui s’amusera à rebondir sur tous les murs de l’édifice, et vous fera quelque peu regretter la qualité acoustique du bazar. Cependant, riez 10 bonnes minutes et pleurez abondamment en essayant de faire passer ces larmes pour de la peine. En même temps, c’est vrai qu’il ressemble drôlement à un ninja, le curé. 

Etape 10 : Au sortir de l’église et galvanisé par votre prestation de toute à l’heure, surfez sur votre bouffée lyrique, et décidez d’aller mettre un mot plein de nostalgie dans le registre de condoléances. Ecrivez 3 pages relatant votre meilleur souvenir avec le disparu, à savoir : la fois où vous étiez bourrés et avez fini au bordel.

Etape 11 : Etonnez-vous qu’il y ait un deuxième registre de condoléances. Demandez à une dame manifestement très éprouvée « mais putain c’est lequel le livre d’or de Gérard ? ». Apprenez que vous avez raconté vos dérives sexuelles dans le mauvais bouquin. C’est la famille de l’enterrement suivant qui va être contente.

Etape 12 : Faites-vous oublier 5 minutes, du moins jusqu’à la mise en bière. Arrivé au cimetière, faites la queue pour jeter une rose dans la tombe béante. C’est à vous, approchez-vous, encore, encore, vous ne voyez pas bien le cercueil, il est tout au fond. Et vous, vous voulez dire un bel au-revoir à votre ami. Faites déraper votre mocassin sur la terre humide et tombez dans le trou. Attendez qu’on vous lance une corde et décidez si vous préférez la saisir pour sortir de cette situation, ou vous étrangler avec, pour sortir de cette situation aussi, mais plus dignement.


Voilà, déjà qu’on ne vous invitait plus aux mariages, normalement, vous devriez être tranquille un moment niveau invitations aux funérailles.

Et qui c’est qui a gagné du temps ?

(Avertissement au lecteur : uniquement basé sur des faits réels…y compris l’étape 12 qui est à peine croyable, je sais)
(… on en rit encore)
(c’est pas bien)
(mais quand même !)




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